” Comme je n’ai pas subi de traumatisme, j’ai toujours du mal à trouver l’origine de mon mal-être, ne me sentant pas légitime de me sentir mal…”
Je m’appelle Solenne, j’ai 25 ans. J’ai eu une enfance heureuse, sans incident particulier, mes parents sont toujours mariés aujourd’hui et j’ai vécu dans la maison familiale jusqu’à mes 20 ans, je suis partie pour mon métier, je suis militaire. J’ai une grande sœur de 29 ans et un petit frère de 19 ans. Ma dermatillomanie a commencé à vers mes 15 ans.
Antécédents/précurseurs dermatillomanie :
Depuis toute petite je ne pouvais pas m’empêcher d’arracher les croûtes occasionnées pas les grattages de piqûres de moustiques, tous les étés mes jambes étaient constellées de petites plaies que je ne laissais pas cicatriser. Je me souviens que la tentation était trop grande d’enlever ce qui était une aspérité sur ma peau, je pensais la rendre à nouveau lisse en enlevant les croûtes. Mes parents et mon père surtout me répétait souvent, en se fâchant parfois, d’arrêter, de te pas y toucher. A la même période, je devais être en petite section ou en CP, je me grattais beaucoup la tête, il m’était arrivé de sentir une petite croûte dans mes cheveux et je me souviens très bien que cette sensation au toucher m’extasiait presque, je passais doucement mes doigts dessus avec la tentation irrépressible de la gratter, mais je résistais le plus possible pour faire durer le plaisir d’y toucher. Ensuite je finissais par l’enlever en grattant. A la suite de ça j’ai commencé à passer le plus souvent possible ma main dans mes cheveux à la recherche d’autres croûtes et je grattais à la moindre occasion, occasionnant de nouvelles croûtes etc. Mon père a fini par remarquer mes grattages répétés et me mettait de l’éosine pour faire cicatriser. Cette « manie » a fini par passer probablement par honte de mon comportement car comme pour les piqûres de moustique en été on me faisait comprendre pour mon bien que ce n’était pas normal de faire ça, que c’était sale et pas joli. Pour les piqûres de moustiques le même schéma se répétait tous les étés mais vers mes 9/10 ans je dirais, j’ai totalement arrêté, non sans mal, d’y toucher, car une année à la rentrée en septembre j’ai été invitée à l’anniversaire d’un camarade de classe et nous nous sommes baignés dans sa piscine, et le grand frère de ce camarade m’a fait une réflexion sur mes jambes en demandant ce que c’était et en s’étonnant qu’il s’agisse de piqûres de moustiques car d’après lui « il en avait tout le temps aussi et ça ne ressemblait jamais à ça ». J’ai eu honte que ce soit mon comportement qui cause ces dégâts alors je me suis forcée à arrêter.
Cause/ fond du problème : très mauvaise estime de moi :
Je ne pense pas avoir manqué d’amour mais j’ai reçu une éducation « classique » conventionnelle, avec des violences éducatives ordinaires comme plein d’autres enfants j’imagine. Comme je n’ai rien vécu de particulièrement marquant ou pas subi de traumatisme, j’ai toujours du mal à trouver l’origine de mon mal être, ne me sentant pas légitime de me sentir mal. Finalement je pense que depuis toute petite j’ai été encouragée à me mettre en avant, à « faire mon intéressante » pour me faire remarquer, et dans le même temps réprimandée si j’en faisais trop. Je n’ai jamais su trouver ma place, j’avais des rapports assez conflictuels avec des camarades, ne comprenant pas qu’on puisse être ami avec moi, et supportant mal la compétition/la concurrence, me sentant très vite rabaissée et moins que rien.
Toutes les occasions étaient bonnes pour me rehausser et je me suis parfois perdue dans des rôles qui n’étaient pas moi. J’ai aussi mal vécu l’arrivée de mon petit frère à mes 6 ans, car j’ai vraiment senti un relâchement de l’attention de ma mère envers moi au profit de mon petit frère. Au-delà de la jalousie habituelle inhérente à l’arrivée d’un nouveau membre de la famille quand on est enfant, je reste encore convaincue aujourd’hui avec du recul qu’il y a bien eu un changement radical et un réel report de l’attention de ma mère en particulier vers mon frère. Je l’ai mal vécu d’autant plus que je n’avais que 6 ans donc trop petite pour m’occuper d’un nouveau-né alors que ma sœur qui en avait 10 commençait à pouvoir s’en occuper et je ne trouvais donc pas ma place au milieu de tout ça. J’ai aussi beaucoup été comparée à ma sœur, parfois on mettait en avant notre ressemblance en nous habillant quasiment de la même manière en plaisantant sur le fait qu’on aurait pu dire des jumelles, et parfois au contraire on accentuait nos différences, en en mettant en valeur l’une par rapport à l’autre, dans différents domaines. J’ai aussi grandi avec quelques réflexions parfois sur mon poids par ma grand-mère alors que j’ai toujours été très fine, ou sur ma cellulite à la plage par ma mère alors que j’avais 8 ans… Ce n’est pas si dramatique et c’était peu fréquent mais le biais négatif du cerveau fait que je me souviens surtout de ça malheureusement et que c’est ce qui m’a marquée et a effrité mon estime de moi. Jusqu’à assez tard je suis restée en enfance, à jouer à la poupée, à aimer les poupons, la dinette, les activités plutôt enfantines. J’ai regardé exclusivement des dessins animés jusqu’à 13 ou 14 ans presque, quand même. Alors qu’au même âge mes copines d’école étaient déjà avancées par rapport à moi sur des activités plus type « pré ado » ou même très portées déjà sur la mode etc, ce qui n’était pas du tout mon cas. Je ressentais souvent un gros décalage au moment de Noël quand on parlait de nos cadeaux en classe et je n’osais pas dire la vérité, je mentais en prétendant avoir eu les mêmes jouets « à la mode » que tout le monde car j’ai eu honte de toujours jouer à la poupée par exemple. En arrivant au collège la différence était encore plus flagrante et j’ai vite senti une nécessité de me « grandir », de changer ma façon de m’habiller etc pour ne plus passer pour un bébé. Ma sœur et ma mère m’ont initiée au maquillage en me disant que j’étais beaucoup mieux comme ça et je me souviens d’un jour dans un supermarché avec ma mère vers mes 14 ans, ou elle a eu « honte » de moi parce que je n’étais pas maquillée en justifiant auprès de ma marraine que nous avons croisée par hasard dans un rayon, que d’habitude je faisais un effort mais que là je m’étais laissée aller… bref, idem pour le biais négatif du cerveau qui me fait me rappeler essentiellement les réflexions négatives…
Déclencheur de la derma et des troubles alimentaires, le tout lié au perfectionnisme :
Je ne sais pas d’où cela me vient exactement (je n’ai pas été éduquée dans la religion ni selon un modèle particulièrement strict) mais je pense que j’ai toujours eu une très forte notion du bien et du mal, et j’ai depuis toute petite un fort sentiment de honte, de culpabilité. Donc besoin de dissimulation (mensonge, actions contraires à mes besoins profonds) et recherche de reconnaissance et d’approbation de l’extérieur. Je dirais que tout a commencé vers mes 14 ans, j’ai rencontré un garçon par le biais d’une nouvelle copine qui a eu une assez mauvaise influence sur moi (même si j’étais responsable de mes actes). C’était mon premier petit copain c’était très innocent (début de relation par sms, on s’est vus 2 fois et on a dû se faire 2 petits bisous au total…) mais je me sentais très amoureuse de lui. Sauf qu’au tout début de notre histoire (le 1er jour de notre « couple officiel » annoncé par sms…) j’ai eu un comportement qui, sans aller jusqu’à dire qu’il a foutu ma vie en l’air, m’a quand même suffisamment marquée pour être l’origine et la cause de pleins d’autres évènements en cascade, jusqu’à aujourd’hui. J’ai encore tellement honte d’en parler… C’était pourtant il y a 10 ans, même plus ! Avec la copine évoquée plus haut, nous avons dormi chez elle un samedi soir et elle était sur MSN et discutait avec beaucoup de garçons d’un ou deux ans de plus que nous (elle visait la popularité à tout prix). Elle avait activé la webcam et au bout d’un moment ça a dégénéré, suite au propositions d’un des garçons à ma copine, on a fait ce qu’on appelait un « plan cam » et on s’est déshabillées devant la webcam… je ne sais plus comment ça s’est passé je crois qu’ils étaient 3 ou alors ils se sont donné l’info, en tous cas il n’y a heureusement pas eu de photos ni de vidéos de prises. Il s’est passé quasiment un mois avant que cette histoire ne soit répétée à… beaucoup de personnes de plusieurs collèges de notre ville. Je l’ai su par mon petit copain, qui m’a quitté en apprenant ça et m’a beaucoup dénigrée. C’est ça qui m’a le plus atteint. En soi la situation n’a pas été dramatique au collège, ça aurait pu être infiniment pire. Nous n’avons pas subi d’injures, d’insultes, de harcèlement du tout. Nous faisions probablement simplement l’objet de rumeurs mais n’en entendions pas spécialement parler. En tout cas pour moi ça a été la déchéance, j’ai forcément eu énormément honte de moi-même, et depuis ce jour mon rêve le plus intense était de tout effacer et tout recommencer différemment… Cet évènement a exacerbé mon besoin d’approbation des autres et de reconnaissance extérieure, ainsi que ma dépendance affective, je n’avais aucune confiance en moi. J’adoptais un comportement qui consistait à toujours aller dans le sens de ce que voulaient les autres, ou de ce que je devinais qu’ils voulaient, pour ne surtout pas contrarier, bien rentrer dans les cases, être appréciée, reconnue des autres. Le regard des autres à une part extrêmement importante dans ma vie bien que je parviens de plus en plus à m’en détacher. C’était donc le début d’un engrenage, enchaînement d’actions qui me tiraient encore plus vers le bas finalement. J’ai toujours fait bonne figure et à part un profond mal être que j’arrivais très bien à dissimuler aux autres, et à moi-même, en apparence j’avais tout pour être heureuse. Je m’en sortais très bien en cours, j’avais de bonnes notes, et plus tard en grandissant j’ai tout réussi du 1er coup entre le code, le permis, le bac avec mention, mes tests d’entrée dans l’armée… J’ai toujours été perçue comme une personne très enthousiaste, sérieuse, motivée, ambitieuse. Ce que je suis dans le fond je pense, mais j’ai fait volontairement ressortir ces aspects-là de ma personnalité, cherchant toujours à être lisse, parfaite, pour être aimée. Et en dessous de cette surface je cachais toutes mes peines, mes hontes, ma culpabilité. Ça a engendré un début de troubles du comportement alimentaires, puis la dermatillomanie.
Prise de conscience et ajustements pour m’en sortir :
Depuis plus de 5 ans je m’intéresse au développement personnel. Je suis « tombée dedans » un peu malgré moi puisqu’en fait au départ je cherchais en librairie un livre de psychologie pour me guérir du fait d’être une mauvaise personne. Car c’est vraiment ce que je pensais. Je n’ai pas trouvé ce livre, mais plusieurs autres (et encore à l’époque le choix était nettement plus restreint). Et à partir de là j’ai commencé à entrevoir une lueur d’espoir. J’ai mis beaucoup de temps à passer de la théorie à la pratique car toutes mes actions étaient guidées par une tendance à la procrastination liée au perfectionnisme. Mais petit à petit j’ai vraiment changé mon mode de pensée et j’ai commencé à intégrer que la dermatillomanie n’était pas le problème mais la conséquence, mon moyen d’extérioriser mon mal-être et un témoin de ma quête du perfectionnisme. Avant, j’étais persuadée de n’avoir pas de problèmes de stress, d’anxiété, ou juste émotionnels, alors que tout était détruit à l’intérieur de moi. J’étais complètement déconnectée de mes ressentis. Mes schémas de pensée étaient complètement détraqués et mon estime de moi au plus bas. Il y a deux ans pile aujourd’hui, je suis rentrée d’une mission de 4 mois au Niger dans le cadre de mon travail, qui s’est très bien déroulée sur le plan professionnel mais très mal sur le plan personnel. Je me suis mis une pression énorme pour cette mission, pas tant côté pro mais là encore perso : je voulais avoir une hygiène de vie irréprochable, contrôler mon alimentation à la perfection, atteindre mon meilleur niveau en sport, ne pas perdre dans temps de repos mais m’occuper avec des activités bénéfiques exclusivement : lectures, réviser mes cours pour un autre projet pro etc. Au final j’ai placé la barre tellement haute (je voulais mettre ce temps à profit pour revenir de là-bas en ayant atteint mon idéal…) que j’ai été paralysée par la procrastination, psychologiquement c’était très dur et en plus dans des conditions propices à l’enfermement sur soi (éloignement familial, contexte difficile etc.). J’ai complètement craqué, tous mes problèmes et mes moyens d’extériorisation (derma, TCA, comportements de recherche d’approbation/d’attention des autres) ont été décuplés. Je vivais avec une bombe à retardement à l’intérieur de moi. Il y a eu un évènement précis, deux jours avant mon retour en France, qui a été très traumatisant pour moi et qui m’a freinée dans ma descente aux enfers… J’ai été obligée de parler de mes problèmes à ma hiérarchie, ça a été très difficile, mais j’ai été écoutée, soutenue. On m’a fortement conseillé de me faire aider, de voir un psy ou autre.
J’avais toujours renié cette approche en estimant qu’aller voir un psy c’était admettre qu’on avait un problème et donc le faire exister, perdurer. C’était insensé mais je voyais les choses de cette façon. J’ai commencé une thérapie brève car j’avais lu que cela pouvait aider à guérir la dermatillomanie, et finalement nous nous sommes attaqués aux causes et non à cette conséquence. J’ai vu mon thérapeute pendant 10 mois, à raison de séances de 3h toutes les deux semaines. J’ai parlé de tout ce que je viens de décrire mais dans le détail précis, depuis ma plus petite enfance jusqu’à aujourd’hui, ça a été une libération immense parce que je me suis délestée du poids de tout ce que je cachais depuis toutes ces années. J’ai voulu avoir le courage de lui dire mes pires hontes, de lui avouer mes comportements que je considérais comme inavouables. Il a géré la situation de la meilleure des manières, m’a fait comprendre que j’avais ma propre grille de lecture complètement biaisée sur ces situations et il les a totalement dédramatisées. Je sortais des séances avec une sensation de grand soulagement. Malheureusement tout ça n’a pas vraiment arrêté mes crises de dermatillomanie car le perfectionnisme était toujours présent, et que j’avais toujours du mal à agir pour moi, selon mes valeurs et mes volontés et non celles des autres. Et j’ai découvert qu’en fait j’adorais la sensation d’extraire ces « impuretés » de ma peau. J’étais véritablement accro à cette sensation d’extraire le mal. Donc quand la thérapie a touché à sa fin, j’ai souhaité tester les séances d’hypno thérapie, pour m’enlever cette addiction, un peu comme on pourrait le faire pour arrêter la cigarette. Finalement on a travaillé sur la culpabilité, la honte, l’estime de soi. J’y ai trouvé une profonde relaxation et une envie de bien-être, de retrouver la sérénité et le calme intérieur, qui m’a conduit à la méditation, aux affirmations positives, au yoga, à l’écoute de soi, l’indulgence et la bienveillance envers soi. J’ai donc contacté une thérapeute assez réputée pour le traitement de la dermatillomanie, et son écoute, sa compréhension, sa bienveillance et ses conseils plein de bons sens m’aident depuis quelques mois à m’en sortir, définitivement je l’espère.
Je n’ai plus aucune marque liée à la derma, et de tous petits boutons ou des plus gros mais qui sont partis tous seuls. Pourtant la semaine dernière c’était celle de mes règles. Ma dernière crise et l’une des plus grosses de ces derniers mois était il y a dix jours le samedi 5 septembre et ma peau était vraiment ravagée. Tout est possible pour notre corps/notre peau, il faut avoir de la patience et avoir confiance, y croire. Rien n’est éternel, les crises, marques et cicatrices ne le sont pas. Ma beau lisse actuelle ne l’est pas non plus.. J’essaye de l’intégrer et d’accepter les irrégularités en commençant par ne plus les traquer.
il y a un point que je veux évoquer que je trouve super important : ce que deviennent les points noirs/boutons quand on ne les touche absolument pas. Car c’était un grand questionnement pour moi, et pour cause, ça ne m’étais jamais arrivé d’en laisser un tranquille de A à Z, de son apparition à sa disparition. Clairement j’en enlevais même avant qu’ils se forment et donc je ne savais absolument pas ce que pourrait devenir un point noir/bouton sans mon intervention. Et c’était une des causes de mes crises parce que je m’étais vraiment persuadée qu’une action de ma part était nécessaire pour avoir une peau nette, car quand je voyais tout ce que j’arrivais à extraire de ma peau, je me disais que j’étais bien obligée de le faire, que sinon toutes ces impuretés allaient s’accumuler et que c’était inenvisageable de laisser ma peau s’encrasser comme ça. Ça c’était vraiment ma façon de voir les choses, avant. Avant que je me dise et que je me répète jusqu’à l’intégrer qu’il faut considérer son corps comme un tout, la peau y compris ; se dire, même si c’est difficile à croire au départ, que tout ce que la peau créée ou élimine est un processus naturel et qu’il faut se considérer comme un tout, voir le bouton/la peau morte comme un élément constitutif de sa peau et donc de soi, et chercher plutôt à se purifier/détoxifier de l’intérieur, avec ce qu’on ingère (eau alimentation), ce qu’on applique comme soin (apaiser sa peau sans intervenir) et ce qu’on s’apporte à soi (bien-être, détente, travail en bienveillance sur soi…). Et donc ma grande découverte, malgré mes anciennes croyances et mon scepticisme au départ, c’est que les points noirs/boutons finissent réellement par partir tous seuls ! Parfois plus vite qu’ils sont apparus ! C’est stupéfiant mais vraiment ça me donne une bonne leçon : le mieux qu’on puisse faire est de ne pas entraver le processus naturel d’élimination/de cicatrisation. On le sait toutes en théorie, mais ça change tout de le constater réellement sur soi, ça me fait vraiment une prise de conscience en ce qui me concerne.
Ensuite, un des bénéfices auquel je ne m’attendais pas suite au fait de ne plus du tout toucher à ma peau, c’est que maintenant je la vois évoluer au gré du temps alors qu’avant il n’y avait pour caractériser l’état de ma peau que les conséquences des « phases » de la dermatillomanie : grattage/triturage suivi de tous le processus de cicatrisation/ re crise/ re cicatrisation etc. (cercle vicieux). Donc il y avait les « vrais » boutons auxquels je touchais, et les boutons que je me créais moi-même à force de toucher à ma peau, de créer des lésions et propager les bactéries… L’état de ma peau était donc directement dépendant de mes crises de derma et non d’une présence avérée d’acné, puisque même sans boutons je cherchais et trouvais quelque chose à extraire. J’étais donc absolument INCAPABLE de déterminer mon type de peau, et par conséquent de savoir quels soins lui apporter en fonction (j’étais tout le temps en mode soins de cicatrisation qui potentiellement pouvaient être trop riches et obstruer mes pores…). Pour la même raison je ne pouvais pas du tout analyser en quoi mon mode de vie au sens global (manque de sommeil, consommation de certains aliments et/ou d’alcool, stress…) influait négativement sur ma peau, de même que déterminer quel(s) bouton(s) arrivai(en)t en lien avec les différentes phases de mon cycle menstruel (spm/règles…). Donc, tout ça pour dire que l’énorme bénéfice est que maintenant j’ai la sensation d’être infiniment plus connectée à mon corps, à mon ressenti. Je m’écoute davantage, car notre corps/notre peau nous parle, c’est un indicateur, un témoin qu’il faut réajuster un ou plusieurs paramètres. Donc je me sens beaucoup plus concernée par ma santé au sens large au final, je me suis reconnectée à mes besoins physiologiques.
Le fait de retrouver cette sérénité liée au fait de se laisser tranquille, ça redonne tellement confiance en soi ! En fait la conclusion de tout ça, c’est que certes il y a d’un côté le gros cercle vicieux de la dermatillomanie une fois qu’elle est lancée, mais que de l’autre côté, il y aussi un grand cercle vertueux une fois qu’on laisse notre peau tranquille. Réellement. Car ça libère un temps fou déjà, quand on sait toutes les heures qu’on passe à faire l’état des lieux de notre peau devant le miroir ou au toucher, plus le temps des crises, et le temps accordé aux soins mis en place à la suite des crises, plus le maquillage/démaquillage etc… sans compter le temps qu’on peut passer à planifier ou s’organiser pour gérer toute la logistique derrière certaines situations parfois (préparation des soins à emporter en voyage/le maquillage etc. par exemple, ou comment gérer le fait de dormir à l’extérieur, prendre de quoi se maquiller dans le train pour aller voir son copain et j’en passe…) et comme si ça ne suffisait pas, la charge psychologique avec les ruminations, la culpabilité, le désespoir, la comparaison aux autres, le fait de se rabaisser etc…) ! Tout ceci non seulement s’arrête en même temps que s’arrête le grattage/triturage, mais en prime on gagne en sérénité, apaisement, confiance en soi, et surtout en AUTHENTICITE ! Ça fait un bien fou de ne plus se cacher derrière des couches de maquillage, je me sens tellement plus moi-même, donc forcément c’est le début du cercle vertueux car qui dit authenticité dit amélioration de la confiance en soi, de l’estime de soi, et donc acceptation, bienveillance envers soi, diminution du perfectionnisme et donc à terme : réduction à néant du besoin de se « purifier », d’extérioriser le mal par la dermatillomanie. Je sais que c’est relativement banal comme observations au final mais je pense que ça fait du bien d’en prendre conscience et de se le remémorer. 😊🙌🏼
Aujourd’hui j’ai la sensation que la dermatillomanie est derrière moi, car j’ai appris à me considérer comme un tout, à voir mon corps et ma peau comme un ensemble et à aimer chacun des éléments qui me constituent. J’aspire à être vraiment moi-même, c’est-à-dire unique, avec ma part d’ombre et ma part de lumière, et à m’aimer mieux pour mieux aimer les autres. A profiter du moment présent, qui représente la seule chose tangible que l’on ait vraiment, à profiter de ma vie et d’en faire une expérience riche et au plus près de mes aspirations profondes.
♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible
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