Dermatillomanie : témoignage n°35 (+ photo)

” Aujourd’hui, pour la première fois en 20 ans, j’ai mis un pied dehors sans maquillage. Un exploit pour moi !”

J’ai 31 ans et je suis atteinte de dermatillomanie depuis l’âge de 11 ans ; cela fait donc 20 ans. Cela a commencé au collège avec les premiers boutons et points noirs. J’ai très rapidement focalisé mon attention sur ma peau, au point de me faire d’énormes marques quotidiennement.

A l’âge de 14 ans, je commence secrètement la pilule (Diane 35) dans l’espoir de calmer mon acné. Cela ne fonctionne pas et je l’arrête un an plus tard.

Vers 15 ans, je consulte un psychologue pour obtenir de l’aide face au mal-être qui m’envahit à cause des problèmes d’acné. En une séance, il met le doigt sur une des causes profondes : mon perfectionnisme acquis par l’éducation ultra exigeante que je reçois, notamment de mon père qui n’est jamais satisfait (malgré un profil première de la classe et des activités extra-scolaires très présentes).

Cette séance sera tellement violente pour moi que je ne poursuivrai pas.

Je reprends la pilule et surveille mon alimentation, pendant 5 ans.

Ma peau s’améliore un peu, mais ma dermatillomanie ne diminue pas.

Je suis complètement obsédée par cet objectif de peau parfaite, au point d’adapter ma vie sociale et quotidienne : je me maquille quotidiennement (même seule chez moi), je me couche maquillée si je dors avec un garçon, je ne mets jamais la tête sous l’eau à la mer ou à la piscine, je m’empêche de partir en vacances avec des amis en camping ou « à la roots », je m’enferme des heures à la salle de bains quand ça ne va pas.

A 20 ans je suis une cure de roaccutane pendant 6 mois puis j’arrête la pilule, enfin satisfaite de l’état de ma peau. Quelques mois plus tard, mon acné repart de plus belle, et ma dermatillomanie aussi.

S’en suivent 10 années durant lesquelles je vais essayer moult remèdes contre l’acné (en externe, en interne, avec ou sans dermatologue, en médecine allopathique ou naturo,…) sans reprendre la pilule.

Je vais aussi suivre 2 psychothérapies (une classique et une en EMDR) durant 3 ans.

Cela me permet d’avancer sur les causes profondes : ce besoin de perfection, entre autres, mais aussi des traumatismes de l’enfance de type agressions sexuelles.

Je découvre également le nom de mon trouble et les types de personnes qui y sont sujettes. Malheureusement, mon acné ne faiblit pas et ma dermatillomanie non plus.

Été 2018, après une séparation avec le père de mes enfants, mon acné est extrêmement forte, avec les joues et le menton criblés d’acné inflammatoire et kystique, et évidemment le visage plein de cicatrices.

Je pleure tous les soirs, épuisée par cette acné et cette obsession, avec des pensées sombres qui me viennent.

Bien que ne voulant plus prendre d’hormones, je décide de reprendre la pilule quelques mois plus tard. D’abord pour me soulager psychologiquement, ensuite pour laisser à ma peau une chance de cicatriser sur le long terme, et enfin dans le but de me déshabituer des gestes de dermatillomanie. Car je pense que régler les causes profondes ne suffit pas. Quand on a un trouble depuis 10 ans, 20 ans, l’habitus tient une part énorme. C’est la manière prioritaire dont on gère son stress, ses émotions.

La pilule Triafémi transforme ma peau. J’apprends aussi à la traiter avec plus de douceur : finis les masques à l’argile, les peelings chez le dermatologue, les gommages à grains, les triturages durant des heures. Quand un ou plusieurs boutons apparaissent, je les perce proprement avec une fine aiguille, je désinfecte et n’y touche plus.

Moi qui trouvais les « outils » barbares, celui-ci a radicalement changé mes lésions de boutons percés. Plus de traumatisme de type pressage, griffure, brûlure, comme avec les doigts, les ongles,…

Je veille à mon alimentation (laitages, gluten, sucres…), à ma routine (peu de produits et si possibles naturels ou bruts), à l’hygiène de mes pinceaux, serviettes, taie, téléphone, au maquillage que j’applique (minéral). J’apprends à gérer mon stress autrement, de la « bonne » ou « mauvaise manière » (nourriture, sport, sexe, amis,…).

J’ai arrêté la pilule il y a quelques temps.

Et j’ai commencé la prise de gattilier et de granions de zinc. Je pratique le micro-needling (roller à micro-aiguilles) à la maison une fois par semaine. Je ne fais plus de crise de dermatillomanie.

Quand un bouton apparaît, je l’extrais calmement et proprement.

Je n’inspecte plus mon visage, je passe moins de temps face au miroir, je me concentre sur le progrès accompli plutôt que ce qui n’est pas encore « idéal » (les cicatrices pas encore estompées, le minuscule bouton qui arrive ici, les points noirs récalcitrants,…). Je pense que mon bien-être vient aussi du fait que j’ai pris certaines décisions dans ma vie personnelle qui ont apaisé nombre de frustrations. La peur, l’anxiété, la colère, etc, peuvent générer du stress donc de l’acné et un besoin de dermatillomanie d’autant plus fort. Agir sur mon confort de vie m’a permis d’avancer sur ce que je souhaitais pour ma vie, pour mon épanouissement et ainsi, sur le regard que je porte sur moi. Aujourd’hui, ma peau est encore plus belle que lorsque je prenais Triafémi.

Aujourd’hui, pour la première fois en 20 ans, j’ai osé ne pas maquiller ma peau et la prendre en photo, sans aucun filtre. Et j’ai sorti mes filles une heure (confinement) ainsi. J’ai mis un pied dehors sans maquillage !

 

C’est un exploit pour moi.

Alors je tenais à partager mon témoignage et ces photos, si jamais cela peut en aider d’autres.

 

♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible

Vous souhaitez raconter votre histoire ?  Contactez-moi via la rubrique « Contact » de ce site !

Article précédent
Dermatillomanie : témoignage N°34
Article suivant
Dermatillomanie : témoignage N°36
Dermatillomanie : témoignage N°34
Dermatillomanie : témoignage N°36