” Je souffre de derma et de trichotillomanie. Pour moi les poils sont autant des imperfections que les bosses et les boutons sur la peau”.
Bonjour!
J’ai 23 ans et je souffre de dermatillomanie et trichotillomanie (arrachage compulsif des poils et cheveux). Ca a commencé quand j’avais 11 ou 12 ans. Ca fait 1 an que je l’ai enfin accepté sans me mentir…
Je suis américaine de nationalité et j’ai grandi avec deux parents médecins. Ils sont les deux hyper travailleurs et on avait des filles au pairs à la maison pour s’occuper de moi les après-midis quand ils étaient au boulot. Elles sont restées un an chez nous avant de rentrer en Europe. Comme j’étais (et je suis encore !), une fille très sensible, je pense que ça m’a affectée émotionnellement. Mais je n’ai jamais compris la douleur et l’angoisse que j’ai senties dans ces moments….
La première qui m’a observée arracher mes sourcils était une de ces filles au pairs. Elle l’avait dit à mes parents.
Mes parents n’ont jamais compris ce que je faisais à mon corps à part d’un point de vue médical.
Ils ne sentaient pas l’angoisse que leur petite fille ne pouvait pas leur expliquer. Un jour, il m’ont envoyé voir une psychotherapeute et je l’ai vue plusieurs fois. Je ne rappelle pas très bien mais après quelques temps, mes parents ont cessé de me conduire au bureau de cette femme. Je n’ai jamais su pourquoi, jusqu’à il y a un an.
Lentement, je commençais à apprendre comment déguiser mon arrachage de poils. Pendant les années, j’ai commencé aussi gratter ma peau.
Dans les pires jours, je passais des heures dans la salle de bain. Je prenais les pinces à épiler de ma mère et je passais au peigne fin toutes mes imperfections…partout. Vraiment partout. Le pire c’est que, pour moi, les poils sont autant des imperfections que les bosses et les boutons sur la peau. Dans mes années d’adolescence, la compulsion était insurmountable et le sang un rappel que je ne pouvais pas la contrôler….
Ma dernière année de lycée, quand je préparais mes candidatures d’université, j’ai commencé à avoir des crises d’angoisse. Tous mes cours (à niveau comparable à une classe préparatoire) étaient hyper intenses, et moi, je ne pouvais plus fonctionner. J’ai recommencé à voir un psy.
Les prochaines années (4 pour être précise) de psychothérapie m’ont tellement aidée ! J’en ai appris tellement sur moi, sur ma vie…
J’avoue que sans ces années de travail, je ne serais jamais où je suis en ce moment.
Même si, au début de la thérapie, je ne mentionnais pas à mon psy que je continuais à faire de la derma et de la trichotillomanie; je niais psychologiquement qu’il fallait aussi guérir le fruit de mon angoisse.
Quand on s’arrache les cheveux ou quand on gratte sa peau, il y a souvent une transe mentale totale; c’est instinctif.
Dans ce moment-là, on perd conscience de nos troubles, nos angoisses, et bos peurs.
Même si c’est contradictoire, l’acte de gratter ou arracher sert à quelque chose. Mais même les solutions peuvent créer les problèmes. Quand je me sens anxieuse, je n’arrive pas à l’identtifier, et je m’en punie.
Et j’ai réalisé que j’avais du mal avec mon « identité ».
Durant une grande partie de ma vie, je ne me considérais pas comme une humaine normale; je me suis soumise à des critiques absurdes. Je ne regardais jamais mes émotions, ma sensibilité, ou mon être avec importance. Personne ne m’a appris comment faire ça…
Aujourd’hui, maintenant que je comprends mon histoire personnelle et les raisons derrière ma derma et ma trichotillomanie, je travaille toujours avec une psy à apprendre à m’aimer. Pas d’une façon égoïste, mais d’une façon où je peux facilement dire “Je mérite de me pardonner et je mérite la compassion parce que je suis aussi importante que les autres.”
La dermatillomanie est humaine et nous aussi sommes humains. Ne l’oublions pas 🙂 C’est un premier pas pour arriver à traiter notre corps avec gentillesse !
♥️ Témoignage à retrouver sur Instagram @peau.ssible
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